C’est bientôt Noël et nous nous apprêtons, pour beaucoup, à offrir sciemment tout un tas d’objets très « accessoires »…
Dans le domaine de la participation citoyenne en urbanisme, le terme « accessoire » pourrait, également, évoquer de prime à bord cet adjectif métaphorique qui signifie « plus ou moins inutile ». Comme lorsque l’on entend des phrases du type : « la participation du public, c’est un peu accessoire. On doit d’abord concevoir des pistes de projet bien tranchées, avant de consulter la population, sinon ça n’intéresse personne ! ». Autrement dit, le terme « accessoire » rapproché des mots « concertation » ou « participation citoyenne » pourrait faire allusion à la considération relativement limitée que certains, dans les sphères décisionnelles, semblent parfois accorder aux démarches de concertation et de débat avec les populations. Heureusement, cette posture se rencontre de moins en moins souvent… Mais là n’est pas l’objet de cet article illustré.En effet, dans un esprit de noël bien matérialiste, nous évoquerons ici uniquement la version non métaphorique de la notion d’accessoire.
Voici donc, pour changer des conseils cadeaux de fin d’année, un petit tour d’horizon en images des innombrables « accessoires » matériels que nous avons en stock et qui nous servent quasiment au quotidien, à moi et à toute l’équipe de sociologues de Repérage Urbain dans nos activités de concertation, pour stimuler, faciliter, et parfois simplement rendre possible l’expression des publics d’habitants et usagers. Vous le verrez, notre agence est, parfois, une véritable caverne d’Ali Baba !
Famille d’accessoires « concertation ambulante »
Un premier groupe d’objets, dont la quantité a tendance à croitre dans nos stocks, est constitué de diverses machines connectées au web et susceptibles d’être facilement transportées : tablettes PC, téléphones 4G, PC tactiles légers, de divers formats. Elles nous permettent d’aller vers les publics avec des outils numériques de concertation que nous concevons par ailleurs : Cartes participatives, questionnaires de toutes sortes, jeux de simulation de plan… Nous aurions pu, aussi, l’intituler famille « phygitale » , puisque ces accessoires nous permettent de faire participer des publics en face-à-face (participation « physique »), sur des outils qui sont dans la plupart des cas également ouverts à la participation en ligne (participation « digitale »).
Dans le registre de la « techno-mobilité », nos tiroirs recèlent quelques autres gadgets : kits mains-libres indispensables pour une saisie vocale rapide de ce que nous racontent les habitants ; micro et haut parleur ambulant utiles à l’organisation de visites-débats, mini-camera « Steady » adaptée pour filmer en mouvement et restituer joliment des démarches de « randonnées participatives » que nous affectionnons particulièrement.
Enfin, dans un style un peu plus rétro d’outils mobiles, nous conservons dans nos locaux une réserve d’accessoires pour enquête de terrain avec supports papiers : planches à écrire à pinces et sacs en toile, qui permettent de transporter et collecter debout moultes réponses à des questionnaires imprimés, en pleine rue comme en porte à porte. Nous les utilisons cependant de moins de moins en moins souvent, eu égard à nos usages « phygitaux » évoqués plus haut. Mais ils ne se rangent pas encore dans la catégorie des accessoires « obsolètes » (voir plus bas).
Famille d’accessoires « voyage-voyage »
Dans le registre de la « mobilité » de nos interventions, nous vous présentons ici – ci-dessus en bleue – notre célèbre « valise de la concertation » (célèbre… au sein de notre équipe uniquement, jusque là du-moins !). Elle est ici accompagnée d’autres empaquetages de voyage que nous avons dans nos placards, afin d’être toujours prêts au départ, avec tous les accessoires nécessaires, vers les très divers territoires où nous offrons nos services. La concertation territoriale peut donc, aussi, être aussi une affaire de bagages.
Pour bien voyager sans abimer des supports imprimés utiles aux débats urbanistiques (fonds de plan, cartes des territoires, affiches ou autres documents participatoires), un bon « concertateur public » se doit également d’être équipé des quelques accessoires du type de ceux ci-dessus : tubes à plan et portes documents de tous formats.
Dans le domaine des déplacements sub-régionaux, ajoutons le « vélo pliable de Benjamin » , qu’il a généreusement mis à disposition dans nos locaux collectifs. L’engin prend occasionnellement le train avec certains d’entre-nous, pour rejoindre en bout de ligne des destinations éloignées des transports en commun. Mais les véhicules individuels – y compris vélos – font chez nous plus généralement l’objet de locations, à proximité de nos destinations.
Nous pourrions d’ailleurs ajouter dans cette famille « voyage », des accessoires désormais dématérialisés – donc sans images à vous présenter ici – que chaque membre de notre équipe possède afin de modérer nos bilans carbone comme comptable : Les abonnements « SNCF Liberté » !
Famille d’accessoires « aléas climatiques«
Quand des rendez-vous avec les populations sont inscrits à nos agendas, il n’est plus possible de reculer même si le temps s’annonce mauvais. Il n’est pas question, non plus, de renoncer à toute démarche de plein air à la rencontre des habitants, dès qu’arrivent les premiers frimats. Nous possédons ainsi une réserve d’accessoires adaptés aux différents aléas.
Les « gants tactiles » sont chez nous des tenues de fonction fournies par l’entreprise, afin de pouvoir réaliser correctement des saisies de questionnaires numériques et autres insertions sur cartes interactives, même en plein hiver. Les parapluies, sont les outils de base d’une démarche consistant à aller vers les habitants même par temps de pluie, plutôt que de rester bloqué sous-abris. Nous en achetons régulièrement par lots, et les égarons souvent, naturellement. Comme il en faut parfois suffisamment pour en prêter aux citoyens, par exemple lors de déambulations, nous en stockons désormais plus de 40 unités ! En complément, nous avons également fait l’acquisition de différentes capes de pluies, pérennes ou jetables, pour ne jamais devoir renoncer à une randonnée participative.
Un dernier accessoire « climatique », que nous ne possédons qu’en un seul exemplaire car fort difficile à transporter, reste pourtant indispensable : Le « barnum » ou « tonnelle » ou « abri dépliable » selon divers jargons. Mais les collectivités pour lesquelles nous intervenons en disposent heureusement de façon quasi-systématique et nous les mettent souvent à disposition. Quand ils sont joliment colorés – comme dans le cas du barnum strasbourgeois ci-dessus -, ils contribuent également avec force au volet « mobilisation et visibilité » que j’illustre plus bas.
Famille d’accessoires « Outils d’expression »
Dans nombre de situations, les indispensables stylos sont les premiers outils d’expression à mettre à disposition du public sans rechigner. Il est absolument nécessaire d’en apporter en grande quantité pour une participation « de masse », en salle notamment. C’est à dire lors d’une rencontre publique où, à l’inverse de la « réunion publique à l’ancienne », l’on invite habitants, élus ou acteurs à se répartir autour de grandes tablées et à se saisir de différents moyens pour que tout un chacun puisse s’exprimer, notamment par écrit.
Nous consommons ainsi les stylos en grande quantité, en raison de leur disparition fréquente lors de ce genre de rendez-vous. Si bien que nous avons fini par en commander quelques grosses quantités, estampillés au nom de notre agence (à la jolie couleur bleue ci-dessus). Ainsi , à défaut de les récupérer intégralement en fin de réunions, nous pourrons nous réjouir d’avoir laissé un bon souvenir dans les poches de nos participants.
En compléments des stylos, nous avons toujours d’avance nombre d’autres accessoires de papeteries, qui peuvent paraître anodins mais qui recèlent un fort pouvoir de canalisation de l’expression : feutres noirs et colorés en nombre, post-it de toutes couleurs et tous formats – dont le fameux format « post-it bulle » quasi introuvable renvoyant au design de notre outil numérique Debatomap -, gommettes rouges, vertes et diverses, étiquettes autocollantes personnalisables… En fonction des méthodologies de débats plus ou moins sophistiquées que nous déployons, tous ces modestes gadgets permettent, avec un peu de méthode, d’impulser l’expression des habitants, de faire s’exprimer des préférences, d’accumuler et de classer des idées ou avis, de localiser des souhaits ou encore de faire tracer des envies.
Famille d’accessoires « Mobilisation et visibilité »
Pour mobiliser des habitants, il vous faut de toute évidence avoir, dans vos bureaux, a minima ces trois types d’outils de petite imprimerie : Plastifieuses A3 et A4, imprimante A3 couleur laser pour imprimer vite et grand, massicot pour démultiplier les petits formats. Il devient ainsi plus facile de créer des tracts, des affiches annonçant un rendez-vous de concertation, des QR codes pour inciter à participer en ligne, des images d’exemples d’aménagements à soumettre aux appréciations, bref des supports de mobilisation et d’expression divers, parfois plastifiés pour être réutilisables sur une journée ou plus.
En revanche nous avons recours aux services de partenaires pour les plus grands formats (A1, A0), pour de très grandes quantités (boitages), ou pour les formats très cartonnés (tels que les « cartes postales de souhaits » en photos ci-dessus). Nous profitons le plus souvent des très grandes imprimantes de nos excellents voisins de Fadora copie , mais aussi des « traceurs » (imprimantes très grand format) de nos clients collectivités ou de nos partenaires architectes.
Dans un but simple et pur d’attirer l’attention des passants, lorsque nous installons des stands de concertation, nous avons souvent recours, en plus des affichages classiques (caliquots, barnum…), à des accessoires secondaires de visibilité tels que ceux ci-dessus : fanions, caliquots, ballons gonflés à l’hélium…
… Et pour attirer l’attention des chalands, notamment des familles, il est aussi de bon ton de prévoir bonbons, cafés, boissons, biscuits, et pourquoi pas un peu de décoration en rapport avec la saison.
Pour installer des stands ou divers « ateliers debout » d’expression, les autres accessoires en vrac ci-dessus sont également d’une fréquente utilité, et il vaut mieux en avoir toujours dans les tiroirs : Ciseaux, ficelles, élastiques, rouleaux de scotch de tous types… et les très précieuses pinces à linges, qui nous ont souvent permis d’inventer des étapes d’expression prenant des allures d’expositions (plus ou moins) improvisées.
En matière de visibilité, enfin, nos sociologues se font généralement identifier, et font incidemment reconnaître leur posture de « tiers modérateur » grâce à de simples badges tels qu’on en voit dans les salons, identifiant nos noms et la nature de nos interventions (sociologie – concertation).
Famille d’accessoires « Jouer pour participer »
Au rayon des accessoires que nous sommes fiers d’avoir, abordons les quelques jeux et jouets dont l’utilité dépend des circonstances du projet qu’il s’agit de soumettre à la réflexion des habitants. Les cubes lego, dont nous disposons d’une certaine quantité, permettent d’aborder des questions de densité, de volumes bâtis, et pas seulement avec des enfants, puisqu’ils offrent un rapport de proportion presque parfait pour simuler des étages et des mètres carrés.
Nous avons également accumulé une panoplie de fausses monnaies et petites calculatrices de caissiers, qui permettent d’injecter quelques exercices de sensibilisation aux budgets de projets, dans le cadre d’aménagements à programmer collectivement.
Enfin nous avons acheté divers cadres et chevalets qui, en les complétant de feutres permettant de dessiner sur les vitrages protégeant des photos de quartier, nous permettent d’ajouter une autre dimension ludique à certaines démarches de participation.
Famille d’accessoires « grandeur nature »
Une famille d’accessoires assez nouvelle et en cours d’expansion chez nous, est constituée de plots colorés, de fanions-drapeaux, de bombes à peintures sur herbes. Il s’agit de divers outils qui nous permettent, à certains stades d’avancement des réflexions, de matérialiser sur un terrain quelconque des dimensions réelles de possibles aménagements, avec des riverains ou habitants. Dans ce registre de « préfiguration » d’aménagements futurs, d’autres accessoires de bricolage tels que perceuses, visseuses, télémètres (pour mesurer des grandes dimensions) sont également déjà en notre possession, prêts à collaborer avec des partenaires de chantiers participatifs tels que les compagnons bâtisseurs.
Famille d’accessoires « obsolètes »…
Achevons ce tour d’horizon par quelques accessoires en trés grande partie obsolètes, et qui trainent encore sur nos étagères : dictaphones et appareils photos, tampon modifiable et relieuse. Avouons-le, ces objets que nous n’osons pas jeter ont été rendus obsolètes par l’intégration des mêmes fonctionnalités dans nos téléphones mobiles pour les uns, par la généralisation des documents dématérialisés pour les autres. Promis au recyclage, un de ces jours, nous les utilisons encore à de rares occasions (surtout l’appareil photo à vrai dire).
J’aurais pu terminer cet article illustré par une famille d’accessoires « On ne les a pas encore » (Le vélo cargo de concertation ? Les tables pliantes faciles à porter ?), ou une famille d’accessoires « finalement ça ne nous a jamais servi », tels que les « fats boys » (canapés plus ou moins gonflables achetés par un de mes associés), ou les pailles jetables en papier (achetées par moi-même un jour, séduit par l’objet sans trop savoir à quoi elles serviraient ; moralité : jusqu’ici à rien…).
Mais je n’épiloguerai pas plus longuement sur tous ces accessoires de concertation, qui ont de toute façon vocation à être perpétuellement renouvelés, réinventés, complétés, et souvent créés. Je vous livrerai en conclusion cette simple réflexion : pour bien réussir votre concertation, pensez bien à tous les petits détails qui conditionneront et faciliteront les possibilités d’expression. Ou du moins, essayez !