Distributeurs de tout poil pour le développement local

Au cours de nos pérégrinations aux quatre coins de la France, nous avons (les membres de Repérage Urbain) commencé à voir fleurir ces dernières années une nouvelle forme de réponse aux problématiques de « désertification commerciale ». La régression des commerces de proximité, qui affecte un grand nombre de centres-bourgs, petites villes et villes moyennes, semble en effet pousser au développement d’une forme de petit commerce assez innovant, très automatisé, mais très différent du modèle des supermarchés robotisés d’Amazon, car redonnant, à l’inverse de la multinationale, un contrôle de la distribution à de petits commerçants ou producteurs locaux…

Voici, en quelques photos – que nous mettrons à jour au fur et à mesure de nos découvertes – quelques exemples étonnants de distributeurs automatiques de marchandises, que nous avons rencontrés ici où là et qui sont, peut-être l’une des solutions pour le maintien d’un approvisionnement de proximité dans divers contextes territoriaux.

Un distributeur de pommes de terre, à Courtisols dans la Marne, capturé en pleine mission de terrain par Cantien Collinet et Paola Gonzales :

Deux distributeurs de pizzas, aperçu par Benjamin Hecht à Jublains en Mayenne, et par Eric Hamelin à Châlons-en-Champagne dans la Marne :

Un distributeur de fraises, découvert lors d’une exploration cyclo-touristique en Seine et Marne par Benjamin Hecht :

Un distributeur de produits de la ferme -fruits et légumes, lait, fromage, saucisson- près de Sarr au Pays Basque, visité par Benjamin Hecht :

Un distributeur de choucroute, et autres produits alsaciens traditionnels -Munster au lait cru, foie gras de canard…-, pris sur le vif par Eric Hamelin en Gare de Strasbourg :

Un distributeur de matériel vélo à Coutainville, dans la Manche, pour le bien des cyclo-touristes, testé et approuvé par Benjamin Hecht :

P.S : un distributeur de pain frais, assez répandu, manque à nos photos. Nous en avons croisé il y a un moment, mais pas encore réussi à retrouver un cliché personnel. A suivre, lors d’une prochaine mise à jour… !

EDIT : 23 mai 2022. Ça y’est, nous en avons (re)croisé un ! Voici, enfin, l’incontournable distributeur de baguette de pain. Ici, celui du bourg de La Planche, 2 739 habitants, en Loire Atlantique, croisé par Benjamin Hecht lors d’une « journée festive de concertation » que nous organisions à proximité. Agrémenté en prime d’un « stationnement 5mn » pour un approvisionnement rapide :

Trois idées à généraliser pour un déconfinement réussi des voiries urbaines ?

Si l’on imposait, au niveau national, des directives pour le dé-confinement, dans le domaine des voiries urbaines, on pourrait croiser les initiatives parisienne et strasbourgeoise, en généralisant les 3 principes suivants.

1. Que la « zone de rencontre » (limitée à 20km/h) deviennent « la règle générale » dans les centres-villes.

A l’exemple de l’initiative strasbourgeoise pour les déplacements (concernant pour l’instant seulement la partie insulaire du centre ville, voir article en lien ci-dessous) :

Il serait judicieux dans la situation actuelle que la « zone de rencontre » (limitée à 20km/h avec accès libre aux piétons et vélos sur toute la chaussée, avec priorité des piétons, puis des vélos, sur les véhicules motorisés) deviennent « la règle », et la voirie à priorité automobile l’exception. De façon à s’assurer sur tout le territoire un rééquilibrage par rapport à l’avantage concurrentiel momentanée qu’acquiert la voiture en matière de sécurité sanitaire individuelle, en donnant au contraire un avantage de confort spatial et de priorité aux piétons, sur absolument toutes les petites rues et voiries secondaires.

La démarche pourrait également et bien sûr être complétée par la définition de « priorités cyclables » sur un nombre suffisant de grands axes permettant de distribuer toutes les grandes directions, selon le principe des « vélorues », très faciles à mettre en oeuvre, afin de faciliter les trajets à plus grande distance et vitesse pour les vélos. Le principe consiste à ce que les vélos aient simplement le droit de se tenir en milieu de chaussée et conservent la priorité sur toute cette chaussée, sans pour autant avoir besoin d’interdire les autres véhicules motorisés.

Un exemple de « vélorue » à Lille (pour changer) : https://auto.bfmtv.com/actualite/lille-inaugure-sa-premiere-velorue-1844805.html

2. Que les stationnements puissent partout se transformer en terrasses

A l’exemple du projet parisien pour les commerces, il serait utile que tous les restaurateurs de France obtiennent un « droit à l’extension de terrasse » pour les commerces deviennent la règle, sur les places de stationnements ainsi que sur la chaussée, jusqu’à 5m par exemple, et que la limitation de ce droit soit l’exception (quand par exemple deux commerces se font face, dans une rue mesurant moins de 16m, soit 5+5m et 6m laissés libres pour les déplacements des piétons, vélos ou véhicules)

Cela pour permettre aux cafés et restaurants d’espacer fortement leurs tables en repartissant certaines d’entre elles à l’extérieur, sans perdre un trop grand nombre de couverts ou de places, lorsqu’ils pourront rouvrir.

Par chance il se trouve que leur réouverture se fera en saison chaude.

Un article parmi d’autres sur la démarche à Paris : https://news.konbini.com/societe/les-rues-et-places-de-parking-bientot-transformees-en-terrasses-de-restos

3. Que le les autres types de commerces obtiennent également un « droit aux terrasses »

Sans en avoir encore d’exemple mis en oeuvre, eu égard aux pertes de chiffre d’affaires essuyées au printemps 2020 pour cause de confinement, il serait bon que le droit à une terrasse soit étendu à tous les types de commerces, sous forme d’étalage – car le fait de pouvoir présenter quelques articles ou étalages en extérieur pourraient peut-être faciliter la reprise d’activité d’un certain nombre de commerçant, sachant que la plupart devront limiter le nombre de clients simultanés en intérieur (et sachant que les espaces « confinés » semblent plus susceptibles de favoriser la contagion par « aérosols » c’est à dire par concentration dans l’air de gouttelettes volatiles, si l’on a bien compris les dernières études épidémiologiques…)

(EDIT Juin 2020 : )

Pour compléter ce bref billet, je vous offre ici un petit aperçu de quelques unes des sympathiques terrasses, parfois très créatives, que j’ai pu observer en cette fin de printemps sur des places de stationnements parisiennes et franciliennes. De quoi donner envie de prolonger l’initiative… perpétuellement !

Rue Saint Maur, Paris 11ème
Rue Condorcet, Paris 9ème
Avenue Parmentier, Paris 10ème
Rue Saint Maur, Paris 10ème
Rue Jean-Pierre Timbaud, paris 11ème
Rue du Temple, Paris 4ème
Rue Arthur Groussier, Paris 10ème
Rue Charles-François Dupuis, Paris 3ème
Les terrasses s’étendent aussi à Fontainebleau…
… En bloquant toute une rue à la circulation…
… ou encore à Meaux.
A Paris aussi, certaines rues sont entièrement bloquées à la circulation pour profiter aux terrasses. Ici, rue du Grand Prieuré (Paris 11ème)